"Suite Calliste"

Juillet 1997

12' + 17’

Commande de l’institut international de musique électroacoustique de Bourges

Calliste vient de Kali en grec qui veut dire beau. La callistique fut un temps un synonyme d'esthétique, mais le mot n'a jamais vraiment pris, sans doute un peu trop "en tique" (antique) et désuet.

Il s'agit donc d'une suite sur la beauté

Mais dans Calliste on peut également entendre cale, à fond de cale.

C'est pourquoi il sera également question des enfers, et de la mort.

La pièce est constituée de 9 parties qui sont autant de courtes fables sur la beauté, dont une sans texte.

Les 6 premières forment une pièce en elle même la "Suite Calliste" et les 3 suivantes une autre pièce " Orphée Tonmeister". Les deux pièces peuvent également êtres joués sous le titre Suite Calliste

1-Le rêve de la vielle dame               1’27

      C’est un rêve que j’ai noté :  Question sur le beau : Une amie dit que le beau n’existe pas, je marmonne que je connais cette philosophie, mais que je ne voudrais pas atteindre à cette connaissance car, j’ai tant de joie, tant d’émotion à découvrir le beau.

2-Machin&Machine                           2'43

      La machine se dit morte, ce qui n'arrive généralement pas, vu que les vivants cherchent souvent à lui faire singer le vivant. Ici le machin répond à la machine en français avec un fort accent américain, car comme chacun sait, les machines ne parlent que l'Anglais.

Machine :  - I am the machine I’m beautiful and I am dead.

Machin :  - Je suis la machine, je suis belle et je suis morte.

Machine :  - I don’t think, so I am not, so I never lie, so I’m always saying the truth.

Machin :  - Je ne pense pas, donc je suis pas, je ne réfléchis pas, donc je ne dis jamais de bêtises, donc je dis la vérité

Machine :  - I’m beauty itself, incarnation of beauty, the ideal witch human being dreamed of, that he created himself.

Machin :  - Je suis la beauté même, la beauté incarnée, la bouteille dont l’homme a rêvé, qu’il a lui même réalisée.

Machine :  - The machine, at your service.

Machin :  - La machine à votre service.

Machine :  - Beauty does not exist naturally, transcendental beauty is not natural, it needs a medium, I am the medium, the machine.

Machin :  - Le beau absolu n’existe pas à l’état naturel, un médium est nécessaire, je suis ce médium, la machine.

Machine :  - I am the machine I’m beautiful and I am dead.

Machin :  - Je suis une machine, je suis belle et je suis morte.

Machine :  - The beautifulest, the deadest, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, d d d d d d, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, dead, beautiful, dead

Machin :  - Je suis la machine, je suis belle, la plus belle et je suis morte, la plus morte, mortis, mortem, morbidum, mordicus, every day more and more deadicuss.

3-Tuko danse                                       1'55

      Petit scherzo sur des échos. Musique seule    

4-Le Philosophe au téléphone            2’25

      De la pensée concrète à propos de la beauté avec la voix de Stefan Kaempfer. Un jeu des sens et des sons.

Y’a rien de sublime de façon transcendantale, le sublime va apparaître dans un instant, mais il va disparaître l’instant suivant.

Tu cherches à retenir quelque chose…fugitif !

Oh ouais, c’est assez prise de tête comme on dit vulgairement.

C’a s’appelle le voyage sur les cimes, sur les sommets - quoi, tu peux toujours basculer dans l’abîme - quoi.

Tu cherche à atteindre des sommets, et tu cours toujours le danger de tomber de la montagne.

T’es sans cesse en danger, t ‘es sans cesse menacé par le chaos, par la décomposition … la disparition.

(il) Faut toujours qu’il y ait un élément chaotique…le beau désordre.

Siroter des mousses sous les peupliers de la ville, morte.

La coexistence entre la beauté et la mort.

Dans le musée, la beauté n’est plus vivante, c’est à dire c’est une beauté mais « muséalisée » …morte.

Ça c’est plutôt kitch en fait…la machine…belle.

Il faut revoir tout le concept de beauté.

Elle est belle, c’est la beauté morte, c’est pas d’la beauté ça, c’est pseudo, c’est complètement pseudo, c’est trivial.

Elle se mortifie aussitôt, aussitôt qu’on essaie de lui imposer des règles ou un ordre.

Un instant amoureux… ça c’est beau.

„Noch spur ich ihren atten auf den wangen, wie kam das sein das diese nahen trage, vortsen …“

Je sens encore son souffle sur mes joues, comment se peut t’il que ces jours si proches sont passés pour toujours et tout entiers, quelque chose comme ça.

STRETTO :

Dans le concept de beauté il faut que tu fasse intervenir le concept du temps.

C’est à dire qu’il s’agit d’un instant, ephémère…fugitif

Tu cherche à retenir quelque chose ;

la forme, la forme que tu crée, la forme belle,

Ça  n‘en tient pas lourd Kant, maintenant, c’est sûr.

 

5-L'enfance de l'Art                          3’ 37 

      Un musicologue trivial. Des tous petits-enfants qui nous parlent de la musique, et dont les jeux sont musiques et poésie. "Vous devez avoir chez vous un poste de télévision".

-      Je ne pourrai pas choisir de mettre un disque, un CD, en me disant maintenant je vais me taper la troisième de Brahms, non, non.

-      Ae monter, monter la musique

-      Tu veux encore la musique

-      Oui ! …C’est joli la musique (5)

-      C’est une cassette qui s’appelle les élec-trois-moustiques, ben c’est une musique, y’a toujours un petit bruit qui fait bzzzz, mais ça c’est le bruit des élec-trois-moustiques, c’est les moustiques qui font ce bruit.

« musique »

-      Je vais vous expliquer les maths, Ouais les maths de football : les maths de football c’est des gens qui courent, qui font des maths et qui jouent au football, ben c’est pour s’exercer, pour être fort, pour être fort en maths en en football.

(document radiophonique, publicité pour la Télévision Française dans les années 50-60)

6-Vous êtes si belles                          2’ 53

      Un homme ravi par la beauté des jeunes filles d'une fête foraine.

Mademoiselle…

Ah ce que vous êtes belle, vous êtes belle.

Votre beauté me ravit.

Vous riez…

Vos yeux sont…

Votre sourire est…

Vous vous moquez de moi n’est-ce pas ?

Vous riez.

Vos yeux…

Vous regarder vaut bien des messes.

Sérieusement.

Vos lèvres, votre sourire est …

Un silence au milieu d’un grand fracas.

Vous riez ?

Votre bouche

Vous riez !

Vos lèvres…

Vous souriez, vous riez,

Vos yeux,

Votre sourire est …comme un grand silence au milieu du fracas des flots

Ahh c’que vous êtes belle.

Vous aimez ?

Quel fou !

Vous riez,

Vos lèvres

Vous vous moquez de moi n’est-ce pas ?

Ne partez pas,

Ne partez pas,

Ne partez pas,

Ne partez pas,

Mademoiselle,

Mademoiselle,

Mademoiselle,

…Madame, Madame, Madame, Mademoiselle, Madame…

C’est la nuit ! …

 - FIN -

Merci pour leur voix à Denise, Gabrielle, Tobias Cahen et Stefan Kaempfer